
Bérivan/ C’est quoi ton prénom ?
Angelin Preljocaj/ Angelin. En fait, c’est ma maman qui m’a donné ce prénom. Parce que tous les gens de ma famille voulaient me donner le prénom de mon petit frère, Valentin, qui était mort avant moi. Toute la famille voulait que ma mère m’appelle Valentin pour le remplacer, et ma mère a dit : « Non, non, pas Valentin. Appelons-le autrement, appelons-le Angelin. » Étrange, mais voilà.
B/ Est-ce que tu es marié ?
AP/ Oui, je suis marié.
B/ Avec qui ?
AP/ Avec Valérie.
B/ Est-ce que tu as des enfants ?
AP/ J’ai deux filles.
B/ C’est quoi leur prénom ?
AP/ Agathe, comme la pierre, et Iris, comme le regard.
B/ Elle est où ta maison ?
AP/ Elle est à Aix-en-Provence.
B/ C’est où ?
AP/ C’est dans le sud de la France.
B/ J’ai bien aimé ta pièce, les danses, la musique. C’est toi qui as fait cette pièce ?
AP/ Oui.
B/ Avec qui ?
AP/ J’ai fait la chorégraphie avec les danseurs, et le travail de la chorégraphie se fait toujours avec les gens, les êtres humains. On est tous reliés. C’est ça qui est formidable. Et avec la danse, ce qu’il y a de bien, c’est que notre instrument est vivant. Un violoniste, il a son violon mais s’il ne fait pas bouger le violon, il reste sur place et il ne fait pas de musique. Alors qu’un chorégraphe travaille avec des danseurs, et ce sont des êtres vivants. Et le fait de travailler avec des êtres vivants enrichit énormément l’artiste, l’auteur. Ce que je veux dire par là, c’est que mes danseurs m’enrichissent énormément, et que le travail de création est quelque chose qui se fait ensemble. C’est pour ça que je parle du fait qu’on est vraiment très reliés.
Gaspard/ Pourquoi le cinéma est-il ta passion, en plus du théâtre ?
AP/ Parce que le cinéma, comme la peinture, a souvent pris comme sujet le corps. Pendant des années, des siècles, les peintres ont peint des corps dans des situations particulières, et le cinéma aussi.
G/ Quelles sont tes autres passions ?
AP/ C’est la peinture, justement. C’est quelque chose que j’aime faire, parce que c’est un moment où je suis seul avec la toile et avec les tubes de peinture. C’est un moment de solitude et de réflexion, comme une méditation.
Régina/ Quelles chorégraphies avez-vous faites pendant le spectacle ?
AP/ Dans le spectacle qu’on joue ici, les deux chorégraphies sont de moi : Helikopter avec la musique de Stockhausen et Licht avec la musique de Laurent Garnier, un DJ qui est, pour moi, la suite de Stockhausen de nos jours.
R/ Est-ce que vous avez dansé au Just Dance ?
AP/ Just Dance, c’est une émission ?
R/ Non, c’est un jeu vidéo sur Wii, sur Playstation et sur Xbox.
AP/ Et pour jouer, on danse avec la manette ?
R/ On danse avec la télécommande de Wii ou avec la baguette de la PlayStation. Ou sans baguette avec Kinect, qui me regarde pendant que je danse.
AP/ D’accord. Je n’ai jamais eu cette expérience.
JB/ Dans ces consoles, il y a une caméra qui capte le mouvement, je crois.
AP/ C’est comme dans Helikopter, en fait.
JB/ Oui, parce qu’effectivement, au sol, il y a des corps qui réagissent. C’est surprenant.
R/ Est-ce que les écrans ronds du spectacle ont buggé ?
AP/ Non, je ne crois pas. Il y a parfois des bugs, mais pas tous les soirs, heureusement.
R/ Est-ce que les lumières du spectacle font de l’eau ?
AP/ Oui. Les projections vidéo qui viennent d’en haut, qui sont projetées sur le sol blanc, projettent parfois des surfaces d’eau. Et quand les danseurs rentrent en courant, grâce à un système informatique qui peut lire le mouvement des danseurs, ça transforme la surface projetée et ça donne l’impression que c’est eux qui ont vraiment tout modifié dans l’image.

Adah/ Pourquoi est-ce qu’il y a des perles dans les spectacles ?
AP/ C’est les corps qui deviennent comme des corps rayonnants, pour moi. Le spectacle s’appelle Licht, et Licht en allemand, ça veut dire lumière. Je voulais parler des corps qui deviennent plus légers dans ce monde que je trouve un peu sombre, et je voulais donner de la lumière avec les corps dans ce monde qui est très tourmenté et un peu enterré par des événements que je trouve assez déprimants et assez sombres. Je voulais apporter de la lumière, alors j’ai mis des bijoux sur les corps nus, des perles, des diamants, de l’or pour que ces corps puissent éclairer et renvoyer la lumière.
Emmanuel/ Pourquoi est-ce que les danseurs dansent nus dans la pièce ?
AP/ Tu sais, dans le spectacle, Stockhausen dit : « J’aimerais bien aller au paradis. » Et il a écrit un cycle d’opéras qui s’appelle Licht et qui évoque le paradis et la lumière. Et quand on parle du paradis, souvent, on emploie l’expression « il est arrivé dans sa tenue d’Adam ». C’est une sorte de métaphore qui veut dire qu’il était nu. Donc c’est l’idée que la nudité est toujours liée à la notion de paradis et d’état primaire. Ça veut dire qu’au début de l’histoire de l’univers et du monde, les êtres humains sur Terre étaient nus parce qu’ils ne craignaient pas le froid ni les bêtes sauvages, ni rien, puisque selon la religion, le monde était parfait. Donc cette idée de nudité, c’est une question qui évoque la fragilité mais aussi la confiance. Et l’idée que la nudité est quelque chose de provoquant, c’est une idée nouvelle qui vient de notre monde actuel. Mais à mon avis, à l’origine, la nudité, c’était plutôt une notion de confiance, de liberté et de beauté. C’est pour ça que le spectacle finit par les danseurs qui sont nus mais habillés de lumière.
E/ C’était la précision que j’attendais.
AP/ Super, je suis content.
E/ Est-ce que le film projeté avec Stockhausen se déroulait dans une sorte de clinique ?
AP/ C’est son studio de travail et d’enregistrement, et c’est vrai que ça ressemble à une clinique. Tout est blanc et pur, il y a des machines qui sont là, il travaille là, et lui aussi est habillé très propre. Et quand je suis arrivé, il m’a dit : « Est-ce que tu peux mettre des chaussons ? » Donc j’ai été obligé d’enlever mes chaussures et de mettre des chaussons pour rentrer dans son studio, pour qu’il me fasse découvrir toutes ces musiques qu’il crée. C’était quand même un merveilleux moment.
JB/ Peut-être qu’on peut préciser, pour ceux qui n’ont pas vu le spectacle, qu’il commence avec une chorégraphie sur la musique de Stockhausen, Helikopter, et qu’ensuite ça enchaîne avec un écran de cinéma qui montre une archive où Angelin et Stockhausen s’entretiennent sur la correspondance entre la chorégraphie et la musique, et aussi sur les correspondances internes aux deux.
« Le spectacle s’appelle Licht, et Licht en allemand, ça veut dire lumière »
(Angelin Preljocaj)
David S/ Je ne connais pas tellement Stockhausen. Je sais que c’est un compositeur de musique classique contemporaine. Je suis un grand amateur de musique classique, et il y a un violoniste que je n’apprécie absolument pas et qui, je trouve, joue très mal du violon : c’est André Rieu. Est-ce que vous faites des chorégraphies avec la musique d’André Rieu ?
AP/ Non, surtout pas. Quand on entend Helikopter de Stockhausen, on est vraiment très loin d’André Rieu.
DS/ Ou de Richard Clayderman ?
AP/ On est à l’autre bout de l’univers, là. On est à des années-lumière de Richard Clayderman et d’André Rieu.

Candy Ming/ André Rieu est un violoniste du Groland, en fait. Angelin, j’ai un poème pour vous.
« Vous êtes l’ange de la nature ;
Géant à travers les émotions et la lumière de l’infini ;
De la nature chorégraphe des cygnes ;
Cygnes blancs et cygnes noirs, comme Le Lac des cygnes ;
Vous êtes un danseur hors pair ;
Hors pair sur un lac ;
Un lac étincelant avec cette mélodie des archanges. »
AP/ C’est une des plus belles choses qu’on m’ait dites sur la danse et sur mon travail. Merci beaucoup.
Otto/ J’ai trouvé le spectacle très bien. À un moment donné, on aurait dit que les danseurs étaient allongés dans l’eau. Comment avez-vous fait ça ?
AP/ C’est fait avec un projecteur qui fait la projection sur le sol, comme sur un écran. Mais au lieu que l’écran soit comme ça, il est par terre, donc il projette de l’eau. Et il y a un système informatique qui lit le mouvement des danseurs et qui transforme l’eau au moment où ils passent. Par exemple, quand ils courent, ils traversent l’eau, et l’eau bouge comme s’ils étaient vraiment dans l’eau. C’est un programme informatique, une création de Holger Förterer.
Loïsia/ Est-ce que tu as fait des écoles ?
AP/ J’ai fait beaucoup d’écoles de danse, et je n’ai pas fait tellement d’écoles normales. Par exemple, je n’ai même pas passé le Bac. J’étais tellement occupé à travailler la danse dans des écoles de danse qu’à l’époque on n’insistait pas pour que je passe mon Bac, donc je ne me suis pas présenté. Mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas essayé de comprendre, de lire et de m’informer sur les divers arts et les divers programmes de l’école. Ça veut juste dire que j’ai passé beaucoup de temps à travailler la danse.
L/ Génial !
AP/ Pour moi, la danse, c’est comme un langage, c’est comme écrire un livre ou comme écrire un poème. Les mouvements, c’est comme des mots, comme des phrases, des strophes et des chapitres d’un livre. Avec les mouvements et avec la danse, j’essaie de parler au public, mais avec des choses qui ne sont pas les mots, qui sont les mouvements du corps. Et ces mouvements du corps, ils nous disent des choses qu’on ne peut pas dire avec les mots. C’est ça que je trouve vraiment intéressant, parce que du coup, on comprend quelque chose, sans que ça passe par l’analyse des mots, mais par l’analyse des émotions, des sensations. On a tous une intelligence émotionnelle, et je pense que la danse s’adresse à cette intelligence-là. On croit qu’il n’y a qu’une seule intelligence chez les êtres humains, mais il y a plein d’intelligences. Il y a l’intelligence des sens, c’est-à-dire que chaque fois que l’on touche, on a une intelligence de ce qu’on touche. Même les yeux fermés, on sait ce qu’on est en train de toucher, ou on essaie de deviner. Donc toutes ces intelligences existent. On est un peu comme des ordinateurs quantiques.
Claire/ Est-ce que vous adorez toutes les poésies ?
AP/ Je ne sais pas, parce que je ne les ai pas toutes lues. Je pense que ça prendrait au moins toute une vie pour lire toutes les poésies du monde.
C/ Comme ça, vous pourrez vous en inspirer pour les prochaines scènes de ballet et pour la danse.
AP/ Il y a des poèmes qui sont inspirants. Par exemple, Théophile Gautier a inspiré le poème du Spectre de la rose. À partir de là, Michel Fokine a créé un ballet qui s’appelle Le Spectre de la rose qui est magnifique et que l’on peut encore voir sur les scènes, et notamment à l’Opéra de Paris.
C/ Et pourquoi ne pas s’inspirer de la chevalerie et de la féerie anglaise fantastique ? Comme du poème La Reine des fées d’Edmund Spencer, par exemple.
AP/ Eh bien, ça peut être une belle option pour créer quelque chose de vraiment original.
C/ Je vous donne d’autres idées. J’adore les musiques classiques. Vous voulez regarder la liste ?
AP/ La Belle au bois dormant, Le Lac des cygnes, Casse-noisette, Giselle, La Sylphide. Tout ça, c’est un vrai catalogue du répertoire de l’Opéra de Paris. C’est formidable.
C/ J’étais allée voir La Bayadère à l’Opéra de Paris avec ma mère et ma grand-mère.
AP/ Vous étiez trois générations à voir ce même spectacle. C’était un beau cadeau pour toi.
C/ Oui, c’était un beau cadeau pour nous trois.
Yolanda/ Ton spectacle m’a fait penser au hip-hop
AP/ Il arrive qu’on s’inspire d’autres tendances et qu’on fasse des choses qui peuvent rappeler d’autres mouvements. Je crois que c’est aussi ça, le propre de l’art. C’est-à-dire qu’un auteur a besoin et envie de garder une certaine singularité, une certaine personnalité. Mais en même temps, il doit être ouvert au monde, regarder ce qui se fait au moins dans son domaine. Et aussi regarder comment vit le monde et comment on peut capter de ce monde quelque chose pour en faire un moment artistique. Et c’est ça que j’essaie de faire. Alors, évidemment, le hip-hop traverse notre époque et notre monde. Il n’y a pas de raison qu’il n’apparaisse pas, d’une certaine manière, dans des petits moments de mon spectacle.
Y/ J’ai vu Blanche-Neige sans culotte. On voit ses fesses !
AP/ Alors ça, il faut en parler à Jean-Paul Gaultier qui a fait les costumes. Mais je peux expliquer. Au début du spectacle, Blanche-Neige est une petite fille, une enfant, et même presque un bébé. Je crois que Jean-Paul Gaultier voulait donner l’idée qu’elle portait des langes. Des langes, c’est un peu comme des couches.
Y/ Les couches, c’est pour les bébés.
AP/ C’était ça, l’idée de Jean-Paul Gaultier. C’était que Blanche-Neige passait de l’état de bébé, d’enfant, à l’état de femme. Il a voulu montrer ce passage.

Lucille/ Est-ce que tu as un chat à la maison ?
AP/ J’avais un chat, qui est mort il y a deux ans à l’âge de 21 ans. C’était une chatte, et elle s’appelait Lune parce qu’elle était noire. Tu sais, on parle de la lune noire, parfois, et je voulais utiliser ce nom pour cette chatte.
Yacine/ Est-ce qu’il faut un diplôme pour faire le métier de danseur ou pour jouer au théâtre ?
AP/ Bien sûr, il y a des diplômes qui sont délivrés. Quand je cherche un danseur, je fais une audition, et les gens viennent et on leur fait faire des choses. Mais on ne demande jamais de diplômes, en fait. Ce qu’on veut vérifier, c’est comment ils travaillent, comment ils bougent, ce qu’ils font avec leur corps. Par exemple, quand je fais une audition, je ne cherche pas un bon danseur. On pourrait se dire : « C’est pour une compagnie de danse, alors ils cherchent un bon danseur. » En fait, je cherche quelqu’un…
Y/ … qui est compétent.
AP/ …qui danse très bien. Ce n’est pas pareil. Parce que si l’on cherche un bon danseur, on va chercher une image préconçue. Mais un danseur, ça peut être quelqu’un qui n’a pas l’air d’un danseur, mais qui, tout à coup, se met à bouger et danse magnifiquement. Donc je cherche quelqu’un qui danse très bien. Quand je cherche quelqu’un, je cherche une personnalité, quelqu’un qui a une singularité, une spécificité, une humanité qui me touche, mais qui danse très bien.
« Et pourquoi ne pas s’inspirer de la chevalerie
et de la féerie anglaise fantastique ? » (Claire)
Pedja/ Le spectacle m’a plu.
AP/ Qu’est-ce qui t’a plu le plus dans toute la soirée ?
P/ Quand j’ai vu qu’ils ont dansé.
AP/ Est-ce que toi, tu aurais envie de danser ?
P/ Non.
AP/ Pourtant, je trouve que tu as un peu l’air d’un danseur. Tu aimes bien Michael Jackson, par exemple ?
P/ Oh oui !
AP/ J’en étais sûr. En te voyant arriver, je me suis dit : « Tiens, il pourrait presque repartir en marchant en arrière, comme Michael Jackson. »

Ethan/ Est-ce que vous savez danser la capoeira ?
AP/ Non, je n’en ai jamais fait mais j’ai vu beaucoup de capoeira. D’ailleurs, je trouve la capoeira assez intéressante. Je crois que la capoeira est à l’origine du hip-hop. La capoeira, c’est une danse… Tu sais, les esclaves n’avaient pas le…
E/ Oui, je suis au courant de ça.
AP/ C’est bien que tu le saches, mais peut-être que d’autres ne le savent pas, et c’est bien de le raconter. Mais si tu veux, raconte-le plutôt.
E/ Les maîtres oppressaient les esclaves et ils ne voulaient pas qu’ils dansent, parce qu’ils voulaient enlever leur culture africaine. Donc les esclaves faisaient semblant de se bagarrer en utilisant leurs jambes et en se donnant des faux coups. C’est comme ça qu’ils ont pu danser sans que leurs maîtres sachent ce qu’ils faisaient.
AP/ Exactement. C’est très bien que tu l’aies exprimé toi-même. Et finalement, certaines figures de cette danse sont passées dans le hip-hop. Je me rappelle, au début des années 80, à New York, j’ai vu des gens qui faisaient du hip-hop, et je me disais : « C’est marrant, ça ressemble vraiment à la capoeira. ». Donc toute cette culture passe d’un pays à un autre, d’un continent à un autre, et ça nourrit et ça permet d’avancer dans l’art et la culture.

Akli/ Tu sais, j’ai hâte de trouver un ratel. Les ratels font très peur, ils fichent la trouille. Les ratels sont des animaux vraiment agressifs.
Julien B/ Explique-nous ce qu’est un ratel.
A/ Un ratel, c’est comme un genre de blaireau, mais qui aime le miel et qui est résistant aux piqûres d’abeilles et aux morsures de serpents.
AP/ Et on les trouve dans quelles régions du monde, ces animaux ?
A/ On les trouve en Afrique, mais aussi au Moyen-Orient, ou en Inde.
AP/ Et est-ce qu’il y en a en France, par exemple ?
A/ Non, il n’y en a pas. Ici, il n’y a que des blaireaux européens.
Thomas C/ Dans le spectacle, on entend un extrait de la chanson des Korgis, Everybody’s Got to Learn Sometime, en particulier la voix de James. Est-ce que c’est une chanson que tu aimes particulièrement ?
AP/ Oui, j’adore cette chanson. Quand je l’ai réentendue il y a deux ou trois ans, je me suis dit : « Ah ! J’adorai cette chanson, quand elle est sortie à l’époque, au début des années 80. » Je me disais : « C’est drôle comme notre monde a évolué. » Et je me disais qu’à cette époque, on pouvait chanter des chansons comme ça, pleines d’espoir, de beauté, de lumière, et que j’avais envie de la faire réécouter au public. Cette chanson des Korgis est tellement belle, elle m’a tellement bouleversé et touché que j’avais envie de la faire redécouvrir et de la donner dans le spectacle.
Stanislas/ Je n’ai pas vu le spectacle. Quel genre de pièce de théâtre faites-vous ?
AP/ C’est de la danse. Donc, finalement, il n’y a pas tellement de texte, il n’y a pas tellement de mots. Et comme je l’ai dit plus tôt, les mots et le langage, ici, c’est le langage du corps, le langage des danseurs, le langage du mouvement. C’est aussi, par exemple, la rencontre entre la musique de Stockhausen et, après, la musique de Laurent Garnier. Et c’est cette vibration entre les corps et le son et la musique qui donne un peu une émotion ou une sensation particulière. Et ça peut nous faire voyager, ça peut nous provoquer des choses que seule la danse peut provoquer.
Cédric/ J’ai adoré le spectacle de danse que j’ai vu hier.
AP/ Qu’est-ce que tu as aimé le plus dans le spectacle ? La première partie ou la deuxième partie ?
C/ Le spectacle en entier. Vous étiez combien ?
AP/ Il y avait 12 danseurs. Est-ce qu’il y a un des danseurs que tu as aimé ?
C/ Je les ai tous aimés.
AP/ Super. C’est vrai qu’ils méritent tous un grand applaudissement.
C/ Parfois, les danseurs étaient habillés et parfois, ils étaient presque nus.
AP/ Oui. C’était pour donner l’idée qu’au fur et à mesure du spectacle, on se débarrasse de toutes les choses qui nous contraignent, qui nous empêchent de nous exprimer dans la vie. Et c’est une façon de dire qu’on voudrait peut-être retrouver plus de tolérance entre nous tous et plus de respect aussi. Je suis très content que ça t’ait plu. Et j’aime beaucoup le fait que tu aimes l’ensemble du spectacle. Parce que, finalement, ça montre que tu as été vraiment attentif tout le long et que tu étais peut-être pris dans l’émotion du spectacle du début jusqu’à la fin. Et ça, ça me fait vraiment très plaisir.
Candy Ming/ [Elle improvise une chanson avec sa guitare.]
« Angelin,
Petit prince,
Petit prince de la chorégraphie ;
Angelin,
C’est très bien,
Vous êtes venu avec votre âme ;
Vous avez des dames au milieu des flammes,
Mais les signes de vos vies sont une mélodie ;
Angelin,
Quel bel ange,
Vous avez une vie des archanges ;
Votre danse en harmonie avec les oiseaux du paradis ;
Votre frère vous entend dans la lumière
Quand vous fermez les paupières ;
Et je dessine votre portrait avec la craie de mes larmes ;
Angelin, chorégraphe,
Chorégraphe de Paris ;
Angelin,
Et votre grâce,
Votre grâce touche à l’infini. »
[Applaudissements]
