Antoine DUPONT – Le Best

Isabelle salue notre invité (c) Leo Kekemenis / FTV

Avant le début de l’interview…

Claire/ Enchantée, Antoine ; moi, c’est Claire. Comme vous êtes beau. Vous n’avez pas eu trop froid, j’espère.

AD/ Non, ça va, je suis bien couvert.

C/ Félicitations pour les Jeux Olympiques. Vous avez eu de la chance d’avoir une médaille d’or. 

C/ Comme vous êtes beau. Vous ne resterez pas toujours le même.

AD/ Ah oui. Merci.

C/ Vous êtes jeune.

AD/ Oui, je suis jeune, j’ai 27 ans

Arnaud D/ Je n’aime pas le rugby parce que je n’ai pas l’habitude ; j’aurais peur si j’en faisais.

AD/ Mais non, ce n’est pas dangereux.

Arnaud D/ Si, c’est dangereux, parce que j’ai appris qu’il pouvait y avoir des morts tellement c’est violent. Pourquoi est-ce que le ballon de rugby est ovale ?

AD/ C’est une bonne question. Ce qui fait la beauté du sport, c’est qu’on ne sait pas où le ballon va tomber.

Arnaud D/ Je peux toucher ta moustache ?

AD/ Oui. C’est doux ?

Arnaud D/ Oui. Je ne me rappelle plus où tu habites.

AD/ À Toulouse.

Arnaud D/ Pourquoi est-ce qu’à Toulouse les maisons sont construites en briques roses ?

AD/ Parce que c’est typique de la région.

Arnaud D/ Est-ce que Toulouse serait une ville particulière ?

AD/ Oui, parce qu’elle est rose, à cause de la brique.

Arnaud D/ Elle aurait pu être comme les autres villes, avec une autre couleur.

AD/ La ville est rose parce qu’il y a beaucoup de terre rose autour de Toulouse.

Arnaud D/ Tu ne trouves pas que le fait que Toulouse soit construite en briques roses, c’est

spécial ?

AD/ Si, mais c’est ça qui est bien.

Arnaud D/ Moi, je trouve ça vraiment spécial. Voilà ce que j’avais à dire. Les autres villes en France ne sont pas comme ça, on dirait.

Yolanda/ Tu sais jouer au rugby ?

AD/ Un peu, oui. C’est mon métier.

Y/ Tu as gagné aux Jeux Olympiques ?

AD/ Oui.

Y/ Combien de médailles ?

AD/ Une.

Y/ Ça ne fait pas beaucoup.

AD/ Eh non, ça aurait pu être mieux.

Les journalistes prennent place à l’Institut du Monde Arabe (c) Leo Kekemenis / FTV

L’interview commence :

Julien Bancilhon/ Bonjour et bienvenue aux Rencontres du Papotin. Par le passé, nos journalistes ont eu l’honneur d’interviewer plusieurs grands sportifs, dont Marie-José Pérec et Zinedine Zidane. Aujourd’hui, pour la première fois, nous allons rencontrer un joueur de rugby. Et comme on ne fait pas les choses à moitié au Papotin, nous allons commencer avec vous, Antoine Dupont, champion olympique de rugby à 7 et sacré meilleur joueur du monde. On peut ajouter aussi que vous êtes un des plus jeunes invités que nous recevons dans l’émission ; il y a eu aussi Angèle, qui avait 27 ans au moment où on l’a accueillie ici. Nous sommes très heureux de vous accueillir aujourd’hui. Vous êtes assis devant la rédaction du journal Le Papotin, un journal atypique en version papier. Les journalistes ont une devise : on peut tout dire au Papotin. Avant de leur laisser la parole, je vous propose de vous présenter en quelques mots.

Antoine Dupont/ Je m’appelle Antoine Dupont, j’ai 27 ans. Je suis rugbyman professionnel, et je viens de gagner les Jeux Olympiques avec l’Équipe de France de rugby à 7. Du coup, je me suis dit que j’allais vous amener la médaille, pour que vous puissiez la voir de près. Elle est en argent, et c’est plaqué or.

JB/ Wow, merci pour cette médaille.

Thomas D/ Votre anniversaire, c’est quand ?

AD/ Le 15 novembre.

TD/ Ce sera un vendredi. 

TD/ Vous êtes né à quelle heure ?

AD/ 20 heures 15, je crois.

TD/ Je vous ai vu jouer au rugby. Qu’est-ce qui est arrivé à Kylian Mbappé ?

AD/ Il s’est cassé le nez.

TD/ En faisant quoi ?

AD/ En faisant du football.

TD/ Vous m’avez connu tout petit ?

AD/ Eh non.

TD/ Vous faisiez quoi quand vous étiez tout petit ?

AD/ Je faisais déjà du rugby quand j’étais petit.

TD/ À quel endroit ?

AD/ J’ai commencé dans un petit village qui s’appelle Castelnau-Magnoac.

TD/ Vous vous laissez pousser la barbe ?

AD/ Un peu, oui. Comme toi.

TD/ J’aime beaucoup la barbe. Qu’est-ce que vous faites comme métier en ce moment ?

AD/ Je suis rugbyman.

TD/ Vous avez regardé les Jeux Paralympiques ?

AD/ Oui, j’ai regardé.

TD/ Dimanche, c’était la cérémonie de clôture.

AD/ C’était beau.

TD/ Elle a fait quoi, la flamme olympique ?

AD/ Elle va partir à Los Angeles.

TD/ Pour faire quoi ?

AD/ Les prochains Jeux Olympiques, ce sera à Los Angeles.

TD/ Ce sera en 2028.

Berivan/ Elle est où ta maison ?

AD/ À Toulouse.

B/ Est-ce que tu joues au babyfoot, au ping-pong ?

AD/ Un peu, oui, parfois.

B/ Qui prépare les repas ? C’est toi ?

AD/ Non.

B/ Pourquoi ?

AD/ Je mange au club ; c’est le club qui nous fait à manger.

B/ Qu’est-ce que tu manges ?

AD/ De tout.

B/ Et tu manges quoi en dessert ?

AD/ Je mange beaucoup de choses en dessert ; c’est le problème, d’ailleurs.

B/ Est-ce que tu as des enfants ?

AD/ Non, je n’ai pas d’enfants.

B/ Pourquoi ?

AD/ Parce que c’est la vie.

B/ C’est quoi les chaussures que tu portes ?

AD/ C’est des Louis Vuitton.

B/ Est-ce que tu aimes faire la fête ?

AD/ Oui.

Emmanuel/ J’ai lu que tu as peur des vaches.

AD/ Oui. Est-ce que tu as déjà vu des vaches en vrai ? 

E/ Oui.

AD/ C’est gros, c’est imposant, et quand tu rentres dans le pré, ça peut vite te faire peur si elles se mettent à courir.

E/ De quels autres animaux as-tu peur ?

AD/ Je n’aime pas trop les serpents.

Félix/ Est-ce que vous avez peur de la vache Milka ou de la vache qui rit ?

AD/ Pas mal ! C’est vrai, j’ai un peu peur des vaches. Je fais attention, j’y vais avec mon frère, parce que tout seul, je ne fais pas le malin. La vache qui rit, ça va, elle ne me fait pas peur.

F/ Ou le taureau.

AD/ Le taureau, ça fait encore plus peur.

F/ Est-ce que, dans les stands de fête foraine, vous gagnez tout le temps ?

AD/ J’essaie.

F/ J’ai lu que vous étiez mauvais perdant.

AD/ Oui, je suis mauvais perdant, je n’aime pas perdre. Du coup, oui. Il est fort, Félix.

Annie/ Au judo, quand on fait bien le sport, on a des médailles, des ceintures.

JB/ Annie, pendant que tu parles de médailles, il y a Pierre qui me regarde, qui me montre la médaille d’Antoine et qui me demande ce qu’il en fait. Je lui dis : « Tu te la mets dans la poche. », et il l’a fait.

A/ Antoine, je peux la garder ou pas ?

AD/ Je te la prête, mais après, tu me la rends.

A/ C’est dommage que je n’aie pas la même.

AD/ Si tu es forte au judo, peut-être que tu en auras une.

A/ Au judo, les médailles sont différentes ; c’est dommage.

L’interview commence (c) Leo Kekemenis / FTV

Pierre/ Pendant la Coupe du Monde de Rugby, qu’est-il arrivé à ta mâchoire ?

AD/ J’ai pris un coup, et j’ai eu une double-fracture de la pommette et du plancher orbital.

P/ C’est super douloureux, les dents.

AD/ Oui, ça fait mal.

Antoine/ Et tu es allé à l’hôpital ?

AD/ Oui, je me suis fait opérer ; on m’a mis des plaques en fer dans la joue.

A/ Comment ça s’est passé ?

AD/ C’était dur, au début. Après, je suis revenu pour jouer le quart de finale, mais ça a été court.

Pierre/ Rugbyman, c’est un métier à risque.

AD/ Oui, comme beaucoup de métiers. Il y a toujours le risque de se blesser. Mais ça va, t’inquiète, ce n’est pas dangereux non plus.

Loïsia / Est-ce que vous avez grossi ? [Rires]

AD/ Non. Tu trouves que j’ai grossi ?

L/ Oui.

AD/ Non, ça va. Je profite des vacances, mais ça va.

L/ T’as profité.

AD/ Eh oui, c’est bien, les vacances.

L/ Oui. Est-ce que vous avez fait des crises, avant ?

AD/ Des crises de quoi ?

L/ Des crises quand tu n’es pas bien.

AD/ Ça arrive, des fois, comme tout le monde.

L/ C’est naturel.

AD/ Eh oui, c’est naturel. Mais il faut relativiser, la vie est belle.

L/ Oui. Est-ce que vous aimez le zouk love ?

AD/ C’est quoi, le zouk love ?

L/ C’est un style de musique.

Stanislas C/ Je suis d’origine sud-africaine, et malheureusement, je soutiens les Springbok, alors on ne va pas être de très bons amis.

AD/ Aïe aïe aïe ! J’espère que tu es aussi un peu pour la France.

SC/ Non, malheureusement. Je suis désolé.

AD/ On ne va pas être copains.

SC/ Qu’est-ce que ça vous fait que je soutienne le camp adverse, l’équipe des Springbok ?

AD/ Il faut bien qu’il y ait des supporters des deux équipes. On s’expliquera tout à l’heure.

SC/ Ça marche. Do you speak english ? What is your level of english ? Me, I speak fluently english. Can you answer in english please ? 

AD/ You’re a lucky man. I’m not fluent, I have to improve my english.

SC/ Est-ce que, pour vous, la victoire est si importante ? Qu’est-ce que vous ressentez quand vous perdez ? Est-ce que c’est un déchirement dans votre vie, est-ce que c’est quelque chose qui, vraiment, vous frustre ?

AD/ Ça dépend du match qu’on perd, évidemment. Mais c’est vrai qu’on s’entraîne très dur tous les jours, on fait beaucoup de sacrifices pour être le meilleur tous les week-ends. Donc, quand on est récompensé, quand on perd le match, c’est toujours des moments durs à vivre, surtout pour les matchs à enjeu. Quand on est éliminé d’une compétition et qu’on a consacré beaucoup de temps et d’énergie pour y arriver, c’est des moments qui sont durs à vivre mais qui font partie de la vie d’un sportif, malheureusement. Il faut arriver à relativiser et à se dire qu’il y a des choses plus graves dans la vie, mais ce n’est pas toujours évident.

Rudy/ Pourquoi est-ce qu’on t’appelle le ministre de l’Intérieur ?

AD/ C’est par rapport à mon positionnement sur le terrain. Souvent, j’ai marqué des essais où on me faisait la passe, et j’étais tout le temps positionné à l’intérieur. Du coup, un jour, j’ai dit ça pour rigoler, et après, les journalistes l’ont repris.

R/ Qu’est-ce que tu penses de la police ?

AD/ Quel est le rapport avec le rugby ? 

R/ Je passe du ministre de l’Intérieur à la police.

AD/ Je ne suis pas le vrai ministre de l’Intérieur. C’est lui qui s’occupe de la police, et moi, je suis comme vous, je suis obligé d’obéir aux lois.

R/ Est-ce que tu as déjà fait un rêve prémonitoire ?

AD/ Je ne crois pas que ça me soit arrivé.

R/ Est-ce que le fait d’être rugbyman n’était pas un rêve prémonitoire ?

AD/ Si tu le dis comme ça, oui, au final, c’était le rêve que j’avais quand j’étais petit. Je jouais au rugby dans le jardin avec mon frère, et je rêvais de pouvoir, un jour, porter le maillot de Toulouse ou de l’Équipe de France. Si tu le vois comme ça, alors oui, j’ai fait beaucoup de rêves prémonitoires.

Alexandre B/ Je regarde le rugby depuis bientôt 30 ans, maintenant.

AD/ Ah oui. T’es expert.

AB/ Je ne connais pas toutes les règles. J’ai vu que vous avez évolué dans trois postes prépondérants de l’équipe, à savoir le demi d’ouverture, le demi de mêlée et l’arrière. Quel poste avez-vous préféré ?

AD/ Je joue quasiment tout le temps demi de mêlée. Parfois, je joue demi d’ouverture pour dépanner l’équipe parce que, quand j’étais petit, je jouais beaucoup à ce poste-là. Aujourd’hui, mon poste, c’est le numéro 9, c’est là où je suis le plus à l’aise et là où je suis aussi le meilleur, normalement.

AB/ Vous n’avez pas l’air violent comme ça, mais j’ai vu que dans les matchs, vous vous donnez pas mal. Qu’est-ce que ça vous apporte, en fait ?

AD/ On est obligé, sur le terrain, de s’engager physiquement ; c’est hyper important. Même si on se fait des passes, c’est quand même souvent les plus costauds et ceux qui gagnent les contacts qui gagnent les matchs. Donc, quand tu aimes le rugby, quand tu joues au rugby, tu es quand même obligé d’aimer quand ça cogne un peu.

AB/ Vous aviez un statut amateur quand vous avez commencé ; maintenant, vous avez un statut professionnel. Qu’est-ce que ça vous a apporté de passer en professionnel ?

AD/ Ça permet surtout de pouvoir s’entraîner tous les jours, de passer son temps, toute son énergie à ça, pour être le meilleur possible le week-end. Et puis, avec la professionnalisation, il y a quand même plus d’argent aussi, donc ça permet de développer les clubs, les infrastructures, et de s’entraîner de mieux en mieux pour être de plus en plus fort le week-end.

AB/ Justement, vous parlez d’argent ; c’est ce qui régit le sport, maintenant.

AD/ Eh oui, un peu comme dans tout. On a la chance de pouvoir vivre de notre sport, et ça, c’est déjà beaucoup.

AB/ Oui, mais le seul truc, c’est que vous gagnez beaucoup plus que nous.

AD/ On a la chance d’être bien payé, c’est vrai.

AB/ Trop payé.

AD/ Trop. C’est l’éternel débat ; il y en a qui diront trop et d’autres pas assez, c’est toujours pareil.

AB/ Éternel débat, mais qui, je pense, a lieu d’être.

AD/ Oui, bon, on est très, très loin de ce que peuvent gagner les footballeurs.

AB/ Les footballeurs gagnent des millions.

AD/ Oui, ça va loin. C’est parce qu’ils génèrent aussi plus d’argent. Il y a plus de gens qui regardent, ça va avec.

AB/ Oui, c’est vrai que le foot est un sport fédérateur.

AD/ Eh oui, il y en a beaucoup qui aiment.

AB/ Et pourquoi le rugby plutôt qu’un autre sport ?

AD/ Parce que dans le sud-ouest, c’est presque une religion. Il y a des petits clubs partout, et quand tu es petit, que tu viens du sud-ouest, tu es toujours obligé, à un moment donné, de jouer un peu. Et moi, dès que j’ai commencé, après, je n’ai plus arrêté, parce que c’est un sport qui m’a beaucoup plu. Toute ma famille y jouait déjà, mes oncles. C’est toujours un sport qui m’a plu, pour être avec les copains, déjà. J’aimais beaucoup m’entraîner avec les copains le mercredi après-midi. Et la notion de contact, d’enjeu physique aussi, c’est ça qui me plaisait.

AB/ Est-ce que vous arrivez à vous voir en dehors des matchs ? Pendant 80 minutes, ça castagne dur, mais est-ce que vous êtes amis en dehors des matchs ?

AD/ Oui. Une fois que le coup de sifflet final est donné, on redevient copains, on rediscute. J’ai plein de copains dans les équipes adverses, avec qui je m’entends très bien. Mais sur le terrain, on ne se fait pas de cadeaux ; ça fait partie du jeu.

AB/ D’ailleurs, il y a des protocoles commotion, parce qu’il y a parfois des chocs.

AD/ C’est bien. Comme ça, c’est bien pris en charge. Quand un joueur prend un coup à la tête, l’arbitre ou l’entraîneur le sort de suite pour tester, voir s’il va bien.

AB/ On sort le joueur 12 minutes, et il y a un médecin indépendant du club qui chapeaute ça.

AD/ Exactement. Tu es bien renseigné.

AB/ Oui. En regardant les matchs, j’ai vu qu’il y a un joueur qui rentre temporairement…

AD/ Oui, pour le remplacer.

AB/ Et après, si le joueur qui a pris un coup sur la tête répond bien au protocole, il rentre.

AD/ Oui.

AB/ Mais sinon, c’est le joueur qui est rentré temporairement qui reste.

AD/ Oui. S’il n’est pas bon sur le test, il est out pendant quelque temps. C’est bien, il faut protéger les cerveaux.

AB/ C’est vrai qu’il vaut mieux les protéger, parce qu’on en a besoin. C’est lui qui commande tout.

AD/ Eh oui, c’est utile, quand même.

AB/ Le cerveau, c’est le moteur, c’est lui qui commande les gestes. Donc si le cerveau est abîmé…

AD/ Et puis, à 35 ans, on est retraité, donc on a besoin de la tête pour le reste de notre vie.

On arrête plus Alexandre…

Arnaud D/ À quoi ça sert qu’il y ait un coach dans le sport ?

AD/ C’est lui qui entraîne, c’est lui qui est le chef, quand même.

Arnaud D/ Encore qu’il soit le chef, on peut le tutoyer ?

AD/ Oui.

Yohann/ Est-ce que vous êtes rock, est-ce que vous êtes rap ou est-ce que vous êtes art de rue ?

AD/ J’aime bien un peu toutes les musiques, mais j’écoute pas mal de rap, quand même.

Y/ Un exemple peut-être ?

AD/ Le rappeur que j’écoute le plus, c’est Nekfeu. Je ne sais pas si ça vous parle. Je ne pense pas.

Y/ Combien avez-vous gagné en euros par semaine, par mois, par trimestre et par an ?

AD/ C’est une question technique ! Je ne sais pas te répondre exactement, mais on a la chance de gagner très bien notre vie, donc je ne me plains pas.

Y/ Est-ce que vous aimez l’architecture ?

AD/ Oui, j’aime beaucoup l’architecture, et l’architecture d’intérieur aussi ; je trouve ça hyper intéressant et inspirant. Ça me change un peu de mon milieu, aussi.

Ethan/ C’est la première fois que j’entends parler de toi, parce que je ne regarde pas trop les matchs de rugby. Pourquoi est-ce que les rugbymen gagnent moins que les footballeurs ? Quelle en est la raison ?

AD/ C’est une bonne question. Je pense que c’est parce qu’il y a beaucoup de gens qui regardent le football en France, et surtout dans le monde entier. Le rugby, c’est un sport qui est quand même plus petit. Donc plus il y a de gens qui regardent à la télé, qui achètent les maillots, plus ça fait de l’argent et plus les joueurs sont payés.

E/ Est-ce que vous gagnez plus souvent grâce à ton Bac de sciences ?

AD/ Non. Pour le moment, mon Bac de sciences ne me sert pas beaucoup dans ma carrière de rugbyman, mais pour ma vie d’homme, ça m’a fait du bien de faire des études. Et pour ma carrière professionnelle en général, ça m’a beaucoup servi d’apprendre d’autres choses que le sport, mais ça ne me fait pas gagner de l’argent directement.

E/ Quel est le métier de ton frère ?

AD/ Mon frère est agriculteur ; il élève des porcs noirs de Bigorre.

E/ Moi aussi, je suis grand frère. Ton frère disait que quand tu étais petit, tu étais un peu super actif et que tu faisais des bêtises.

AD/ Oui, quand j’étais petit, surtout. Après, quand j’ai grandi, ça allait. Mais quand j’étais petit, on se bagarrait beaucoup. Lui, c’était mon grand frère, et moi, je voulais toujours être meilleur que lui ; à chaque fois, j’étais pénible, et il fallait que je pleure ou que je me fasse mal pour que ça s’arrête. Donc c’était fatigant pour lui, le pauvre. Mais ça va, je me suis calmé, j’ai grandi.

E/ Avec mon petit frère, on s’entend un peu bien. Il est super actif, et il se considère un peu comme un modèle. Certaines fois, il peut être un peu énervant, mais je l’aime toujours.

AD/ C’est le principal.

E/ J’ai lu qu’avant vous aviez honte d’être un fils de paysans.

AD/ En fait, quand j’étais petit, l’agriculture était moins valorisée. Souvent, ça avait une connotation un peu péjorative de dire qu’on était fils d’agriculteurs, fils de paysans ; ça ne faisait pas très bien, avec les copains. Et vu que mes grands-parents avaient un hôtel-restaurant, que mon père y travaillait un peu aussi, je disais tout le temps qu’il était hôtelier ou restaurateur plutôt qu’agriculteur. Alors qu’aujourd’hui, je trouve que l’agriculture est quand même beaucoup plus valorisée ; on met en avant les gens qui font ce travail, qui est un travail hyper difficile et dont on a tous besoin si on veut avoir quelque chose dans l’assiette pour manger. Aujourd’hui, bien sûr, j’ai grandi, mais je suis fier d’avoir ces origines-là et que ma famille continue de perpétuer cette belle tradition et ce beau métier de passion.

E/ Vous devez très fier parce que c’est grâce à des agriculteurs comme votre famille qu’on peut manger de la viande fraîche.

AD/ Eh oui. On a la chance, en France, d’avoir un beau patrimoine au niveau de l’agriculture et au niveau de l’élevage, donc il faut arriver à en profiter, surtout les mettre en valeur et leur dire merci pour tout le travail qu’ils font au quotidien, pour toutes les heures qu’ils passent à travailler pour qu’on puisse manger.

Stanislas D/ Bravo pour votre médaille et merci beaucoup de nous l’avoir fait passer.

AD/ Avec plaisir.

SD/ Comment vous êtes-vous senti lors de votre tout premier match de rugby en professionnel ?

AD/ C’était il y a maintenant dix ans. Mais ce sont des souvenirs hyper forts, parce que je voulais faire ça depuis que j’étais tout petit, c’était mon rêve d’enfant. Je regardais tous les matchs à la télé, tous les week-ends, j’avais tous les maillots des équipes. Et le jour où je me suis retrouvé sur un terrain avec des joueurs que je regardais à la télé, contre des joueurs que je regardais à la télé, avec toute ma famille et tous mes copains qui étaient dans les tribunes, ça a un moment incroyable, qui m’a procuré énormément d’émotion. Tu vois, même quand je t’en parle aujourd’hui, je me souviens encore de ce que j’ai ressenti avant le match, pendant et après. On a quand même la chance, dans le sport, de vivre des moments incroyables. Et puis c’était aussi le moment où je réalisais un peu mon rêve, dans un sens, donc c’était beau.

SD/ Quel a été le plus beau match que vous ayez joué ?

AD/ C’est toujours dur de ressortir un match, d’autant que j’ai eu la chance d’avoir, jusqu’à maintenant, une carrière riche et d’avoir vécu plein de moments extraordinaires. Mais puisqu’on est dans l’actualité et que c’était le dernier, j’ai envie de te dire la finale des Jeux Olympiques, évidemment. C’était avec le rugby à sept, donc le match était beaucoup plus court. Au niveau de l’atmosphère qu’il y avait dans le stade, les gens étaient comme des fous. Même nous, la sensation qu’on avait entre nous… Sentir que tu es avec des copains et qu’il ne peut rien t’arriver, sentir que tu vas gagner un truc énorme…. Au final, quand le coup de sifflet retentit, c’est des émotions telles que c’est dur de mettre des mots dessus. Et le seul fait de revoir des images te remet des frissons et tu as envie de revivre ça. C’est vrai que c’était quand même un moment hyper spécial, cette médaille d’or que vous avez touchée. Quand on te la met autour du cou, ça fait quand même quelque chose.

Antoine Dupont surpervise la touche de Marvin (c) Leo Kekemenis / FTV

Akli/ Vous avez mis la voiture de votre mère au sommet de l’arbre. [Rires]

AD/ Oui, c’est vrai.

A/ Et tu as fait d’autres bêtises ?

AD/ J’ai fait beaucoup de bêtises, mais la plus grosse, c’était la voiture. Je ne l’ai pas fait exprès.

A/ Tu as la phobie des vaches.

AD/ Oui.

A/ Mais c’est gentil, les vaches.

AD/ Je n’ai pas la phobie des vaches, je peux m’approcher, mais je fais quand même attention, je reste loin avec un bâton, au cas où. La phobie, c’est quand tu ne peux vraiment pas t’approcher, pas les voir, pas les toucher. Moi, ça va.

A/ Tu n’as pas perdu ta mère ?

AD/ Non. J’ai abîmé sa voiture.

A/ Il ne faut pas jeter sa voiture en haut d’un arbre.

AD/ En fait, je voulais me garer. J’avais 12 ou 13 ans, et je prenais parfois sa voiture pour faire des tours, sans aller trop loin. Je voulais me garer sous l’arbre pour pouvoir ramasser des figues, sauf que j’ai oublié de m’arrêter, et j’ai foncé dans l’arbre.

A/ Pourquoi est-ce que tu as oublié de t’arrêter ?

AD/ Parce que je ne savais pas conduire. Il faut avoir 18 ans pour conduire une voiture, normalement.

A/ C’est quoi quelqu’un qui sème le chaos ?

AD/ Je ne semais pas le chaos, mais je faisais parfois des bêtises.

A/ C’est quoi quelqu’un qui cause beaucoup de dégâts ?

AD/ Je n’ai pas fait de grosses bêtises, mais j’en faisais toujours des petites.

A/ C’est une définition ?

AD/ On peut dire ça, oui.

A/ C’est quoi quelqu’un qui cause beaucoup de dégâts ?

AD/ Comme je te dis, je ne faisais pas des choses très graves, mais j’étais toujours en train de courir.

A/ Des dégâts, c’est une série de catastrophes.

Julien B/ Toi, tu veux des définitions.

A/ Tu faisais des bêtises quand tu étais jeune.

AD/ Oui, j’en ai fait, comme tout le monde.

A/ Est-ce que tu aimes regarder la télé ?

AD/ Oui, j’aime bien.

A/ Moi aussi. C’est bizarre que tu sois un campagnard qui a peur des vaches.

AD/ Oui, c’est un peu bizarre. Mais il faut faire attention, il y en a qui se font mal quand ils se font charger par une vache.

A/ Comme avec les taureaux, dans les corridas en Espagne. Ils deviennent dingues quand ils voient du rouge.

AD/ Oui, il faut faire attention. Il y a parfois des accidents dans les corridas.

A/ Les vaches peuvent parfois agir de façon agressive.

AD/ Oui, mais c’est très rare. Elles sont quand même gentilles. Elles le sont moins si elles ont les veaux près d’elles.

A/ Quand j’étais petit, j’avais très peur des vaches aussi.

AD/ Et maintenant, tu n’as plus peur ?

A/ Maintenant, je n’ai plus peur. Quand j’étais petit, j’avais peur des chiens, mais je n’ai peur que des molosses. Je n’ai pas peur des petits chiens. Je n’ai pas peur des grands chiens non plus, mais j’ai peur des molosses.

AD/ Il faut aussi faire attention avec les chiens, mais ça va, ils sont gentils.

A/ Tous les chiens sont gentils ?

AD/ Oui, presque.

A/ Est-ce que tu as un chien ?

AD/ Non, je n’en ai pas. Mon frère, Clément, a plusieurs chiens.

Arnaud D/ Ce ne sont pas des chiens dangereux, des Pitbull et des Dobermann.

AD/ Non, c’est des chiens de chasse.

Arnaud D/ Ils sont de quelle couleur ?

AD/ Marron et blanc.

Akli/ Les Pitbull, ça me fiche la trouille.

AD/ Il faut faire attention.

Arnaud D/ Comment ils s’appellent, ses chiens ?

AD/ Il y a Milou, Guss, Jappy et Holly.

Arnaud D/ Ce sont des mâles ou des femelles ?

AD/ Il y a trois mâles et une femelle.

Arnaud D/ Et ils sont gentils, ses chiens ?

AD/ Oui, ils sont très gentils.

Linda/ Est-ce que tu es un mauvais joueur ?

AD/ Je pense que oui. Je n’aime pas perdre.

L/ Est-ce que tu as déjà triché pour gagner ?

AD/ Aïe aïe aïe, qu’est-ce qu’on vous a dit ? Que j’étais tricheur, j’ai l’impression. Quand j’étais petit, parfois, j’arrangeais un peu les règles pour que ça me soit un peu favorable. Ce n’est pas vraiment de la triche, c’est de l’optimisation, on va dire. Ça, c’est autorisé, ça va.

Kevin/ Pourquoi n’as-tu pas joué au football américain ?

AD/ En France, il n’y a pas beaucoup de football américain. Chez moi, il n’y avait pas de clubs, ce n’était que du rugby. Et puis c’est un sport que j’ai beaucoup aimé de suite, donc je n’ai pas cherché un autre sport.

Victoria/ Est-ce que tu disais des gros mots quand tu étais petit ?

AD/ Oui. Je n’avais pas trop le droit, mais j’en disais parfois quelques-uns, comme tous les enfants. On fait toujours les choses qu’on n’a pas le droit de faire.

Julien B/ Victoria adore les gros mots ; c’est pour ça qu’elle pose la question.

Bilali/ Est-ce que ta famille a un tracteur vert ?

AD/ Ils ont plusieurs couleurs de tracteur, mais il y a des verts, des fois. C’est tes préférés, les verts ?

B/ Oui.

AD/ Ils sont beaux. Ils marchent bien, en plus. C’est cool, les tracteurs.

Marvin/ Pourquoi ne voulez-vous pas être paysan comme vos parents ?

AD/ C’est la vie, au final. Chacun suit son parcours et a des appétences pour tel ou tel sujet. Moi, je n’ai jamais été passionné par l’agriculture, comme a pu l’être mon frère. J’ai fait des études différentes, et avec le rugby, c’est vite devenu mon métier, donc je ne me suis pas orienté vers l’agriculture, parce que c’est quelque chose qui ne me passionnait pas.

M/ Être paysan, ce n’était pas ce que vous préfériez.

AD/ Non, je préférais faire du rugby.

M/ Quel est votre meilleur souvenir à la campagne ?

AD/ Un souvenir, je ne sais pas, mais en grandissant, je me suis rendu compte que j’ai eu beaucoup de chance de grandir à la campagne, avec une vie hyper simple mais heureuse. Quand on était petits, avec mon frère, on était tout le temps dehors, avec des vélos, avec les ballons. On courait, on jouait au rugby, au foot, on allait jouer au tennis ; on était toujours avec des copains. Au final, j’ai eu une enfance plus qu’heureuse, et je suis content d’avoir pu grandir à la campagne.

Markus/ Pourquoi aimes-tu revenir dans ta région d’origine, comme moi ?

AD/ À chaque fois, ça me fait beaucoup de bien d’y revenir, de prendre l’air, d’être à la campagne, d’être dans la nature, de voir les montagnes au loin. Tout ça fait du bien à l’esprit, et là-bas je connais tout le monde depuis que je suis tout petit, donc je n’ai pas les « soucis » de notoriété que je pourrais avoir à Toulouse ou ailleurs. Je suis juste tranquille chez moi, comme quand j’étais petit et que je me baladais dans le village.

En 4ème de couverture, un poème d’Arnaud sur Tori Spelling (c) Leo Kekemenis / FTV

Cathy/ Quel joueur va a donné envie de faire du rugby ?

AD/ Quand j’étais petit, j’étais fan du Stade Toulousain et, évidemment, de l’Équipe de France. Et le joueur qui m’a le plus inspiré, c’est, je pense, Frédéric Michalak. Il jouait à Toulouse dans les années 2000 ; c’était un grand joueur.

J/ Est-ce que tu te sens bien avec ta maman ?

AD/ Oui. Je suis très proche de ma famille, et de ma mère aussi. Vu qu’ils ne sont pas très loin de Toulouse, je peux les voir souvent, et ça, c’est quelque chose qui est important pour moi.

J/ Et avec ton papa ?

AD/ Mon papa est décédé l’année dernière. Il avait fait une fausse route, il était en état végétatif depuis huit ans, c’est-à-dire qu’il était dans un centre où il n’était pas très bien.

J/ Est-ce que tu aimes palper des objets pour te sentir bien et pour te rassurer ?

AD/ Je pense que le ballon de rugby, ça peut compter. Déjà, ça m’occupe les mains, parce que je ne sais jamais trop quoi faire de mes mains. Et c’est sur le terrain que je me sens le mieux, que je peux ne penser à rien, juste m’exprimer dans quelque chose qui me contente. Et ça me permet de partager des moments avec les copains, et c’est ce qui est le plus important pour moi.

J/ Pour me rassurer, j’adore palper les ballons gonflables en caoutchouc.

AD/ Maintenant, tu pourras aussi palper le ballon de rugby. Tu verras, ça marche bien.

J/ Oui, pourquoi pas. J’adore palper les ballons de baudruche en caoutchouc.

AD/ Ça marche bien ?

J/ Oui, ça marche très bien.

AD/ Je te prendrai la technique, alors.

J/ D’accord. Est-ce que tu aimes bien faire la fête ?

AD/ Oui, mais je ne peux pas la faire tout le temps, parce qu’on s’entraîne tous les jours, et il faut être en forme pour le week-end. Mais quand on gagne des compétitions… Après les Jeux Olympiques, on a quand même bien fait la fête.

Claire/ Comment te sens-tu, Antoine ?

AD/ Je me sens bien. Je suis encore en vacances, donc j’ai le temps de me reposer.

C/ Tu as de la chance. Tu n’as pas eu de vacances pendant les Jeux Olympiques.

AD/ Eh non.

C/ Au rugby, les joueurs sont forts et costauds. Mais est-ce que parler des choses qui te touchent et te rendent sensibles te rendrait plus fort encore ?

AD/ C’est une très bonne question. Oui, je pense que j’ai beaucoup évolué sur le fait de m’ouvrir à moi mais aussi aux autres. Je pense que ça m’a fait grandir en tant que personne, et souvent, quand on grandit en tant que personne, on grandit en tant que joueur et en tant qu’athlète. Donc je pense que ça m’a fait du bien.

C/ C’est la vraie perfection, c’est sûr.

AD/ C’est ce qu’on essaie d’atteindre.

C/ Il paraît qu’on te surnomme le taureau noir ?

AD/ Je n’ai jamais entendu parler de ce surnom. 

C/ Je te comprends. Qu’apprends-tu quand c’est difficile de perdre ? Tu aimes bien triompher ?

AD/ Oui, comme tout le monde, je pense. On préfère gagner que perdre, mais quand on perd, il faut arriver à comprendre pourquoi, se remettre en question et relativiser. C’est un sentiment qui n’est pas agréable mais dont il faut arriver à se servir pour que, la prochaine fois, gagner plutôt que perdre.

C/ Mais la prochaine fois, il faut accepter de perdre.

AD/ Ce n’est pas facile. C’est mieux de gagner, quand même.

C/ J’ai vu que tu adorais Francis Cabrel. Et il paraît que tu aimes bien Céline Dion.

AD/ Oui, j’aime bien Céline Dion.

C/ C’est ma chanteuse préférée. Elle était là à l’ouverture des Jeux Olympiques

AD/ C’était beau, c’était magnifique.

C/ Je te propose qu’on chante une chanson de Céline Dion.

AD/ Quelle est ta chanson préférée ?

C/ C’est toi qui choisis.

[Antoine Dupont et Claire chantent J’irai où tu iras de Céline Dion.]

C/ Merci infiniment, Antoine, d’avoir chanté avec moi. C’était un moment extraordinaire.

AD/ Merci d’avoir lancé ma future carrière, en tout cas.

Raphaël/ Qu’y a-t-il à l’intérieur de l’une de tes émotions ?

AD/ C’est une bonne question. C’est le genre de questions auxquelles j’ai toujours du mal à répondre, parce que j’ai du mal à savoir mettre des mots sur ce que je ressens. Ce n’est pas toujours évident de faire ce travail un peu introspectif, de se poser des questions sur soi. On est toujours dans le tumulte de notre quotidien, on fait plein de choses, on pense à plein de choses, et les moments où l’on se pose sont rares, par manque de temps mais aussi parce que ce n’est pas les moments les plus agréables. Donc j’essaie de faire un travail là-dessus, mais j’ai encore beaucoup de chemin à faire.

R/ Est-ce que, en faisant des performances, tu veux rendre fière ta famille ?

AD/ Oui, bien sûr. J’ai la chance de vivre des moments incroyables sur le terrain, mais ces émotions sont toujours décuplées quand tu peux les partager avec des gens qui te sont chers, que ce soit avec tes coéquipiers avec qui tu tisses des liens, qui deviennent de vrais amis, ou avec les gens qui viennent me supporter dans les tribunes. Qu’ils soient mes amis ou ma famille, quand tu vois la fierté dans leurs yeux, l’émotion que ça leur procure, ça te renvoie beaucoup de choses, beaucoup d’énergie et beaucoup d’émotions. Et ces émotions-là sont encore plus belles quand elles sont partagées.

R/ Dans le monde du sport, y a-t-il une évolution sur l’homosexualité ?

AD/ C’est très lent. Il y en a une, parce qu’il y a des gens qui ont pris la parole, mais c’est quand même un sujet qui est encore tabou. Par exemple, dans le rugby professionnel, un seul joueur a fait son coming-out, alors que je pense que, statistiquement, il doit y en avoir d’autres. Aujourd’hui, c’est encore dur de s’assumer, même si je pense que la société a beaucoup évolué et qu’on est un milieu qui est très ouvert d’esprit. On serait prêt à accepter ça sans aucun problème, donc il faut continuer à en parler pour rendre les gens à l’aise.

R/ C’est ça, et pour que ça évolue encore. En tout cas, je suis content que tu sois champion olympique de rugby à sept.

Claire et Antoine chante du Céline Dion (c) Leo Kekemenis / FTV

Otto/ Est-ce que tu es quelqu’un de sensible ?

AD/ Je pense que oui.

O/ Tu ne montres pas tes émotions, en général.

AD/ Non, pas beaucoup. Mais sur le terrain, ça m’est très utile, parce que c’est bien aussi que l’adversaire ne voie pas ce que tu ressens. Et même pour les coéquipiers, quand il y a des moments de tension, de stress et qu’on voit un coéquipier qui reste plutôt froid, on a l’impression qu’il ne ressent rien, même si, à l’intérieur, il y a beaucoup de choses qui se passent ; ça peut aussi donner de la confiance au collectif. Je pense que le fait de me dire que c’était une force sur le terrain, ça ne m’a pas aidé à faire des efforts dans la vie de tous les jours pour faire des efforts, justement.

O/ Ta sensibilité fait partie de ton caractère.

AD/ Oui. Je pense que c’est surtout lié à mon éducation. La personnalité qu’on a quand on est grand se construit en majeure partie pendant l’enfance.

O/ On t’a élevé à la dure.

AD/ Non, justement. Ma mère m’a toujours laissé beaucoup de liberté, beaucoup d’autonomie, elle m’a fait beaucoup confiance. Même si j’étais un garçon turbulent, même si je bougeais beaucoup, elle m’a beaucoup laissé faire.

O/ Et ton papa, il était comment ?

AD/ Il était très tranquille aussi, il ne me disait pas grand-chose, parce qu’il me faisait confiance aussi. Je me suis construit là-dedans, tout en ayant un cadre, évidemment. Je pense que comme ça, j’ai pu m’épanouir et trouver la personne que j’étais.

O/ Est-ce que le fait de s’exprimer sur ses émotions est une histoire de famille ?

AD/ Oui. Je pense qu’on reproduit un peu les schémas familiaux qu’on a connus. Mon père était très peu expressif, et j’ai grandi avec ce schéma-là, cette image d’un homme qui était peu expressif sur ses émotions. Au final, c’est sûrement quelque chose que je reproduis sans le vouloir.

O/ Ton papa ne montrait pas ses émotions ?

AD/ Non. Encore moins que moi.

O/ Est-ce que c’est tabou de montrer ses émotions ? un tabou familial ?

AD/ Non, ce n’est pas un tabou. C’est juste qu’il y avait pas mal de pudeur dans notre famille, je pense. Même si on sait qu’il y a beaucoup d’amour entre nous, on ne se le dit pas forcément. Ce n’est pas une très bonne chose, mais j’ai grandi comme ça, donc, pour moi, c’est la normalité pour moi, c’est-à-dire que je n’ai pas besoin d’entendre des choses pour savoir ce que ressentent mes proches.

O/ Entendre dire « je t’aime », des choses comme ça.

AD/ Non. Je me suis habitué à ne pas forcément l’entendre, mais ce n’est pas forcément une bonne chose non plus. Ce sont des choses sur lesquelles il faut que j’évolue.

O/ Mais pourquoi est-ce que ce n’est pas une bonne chose non plus ?

AD/ Parce que c’est bien de dire les choses, de dire ce qu’on ressent aux gens qu’on aime. C’est bien de leur dire aussi qu’on les aime.

O/ Dire je t’aime, ça fait du bien, de temps en temps.

AD/ Oui. Même s’ils le savent, c’est bien de le dire.

O/ Est-ce que tu retournes souvent à la ferme familiale ?

AD/ Oui, j’y retourne régulièrement. Et si je ne peux pas rentrer, j’ai toujours mon frère ou ma mère qui vient me voir à Toulouse. C’est à une heure de voiture, donc j’ai la chance de pouvoir les voir souvent.

Julien S/ Si vous pouviez interviewer un personnage historique, qui voudriez-vous interviewer ?

AD/ C’est une bonne question. On parlait tout à l’heure de poésie. Peut-être Baudelaire ou Verlaine. Puisque je n’y connais pas grand-chose, ils pourraient m’apprendre beaucoup de choses.

JS/ Est-ce que vous préférez l’enfant intérieur ou l’adulte extérieur ? C’est une question à interpréter. Parfois, je pose des questions à interpréter.

AD/ Ils sont professionnels, ces journalistes, non ? Je n’ai pas de préférence. De toute façon, c’est l’enfant intérieur qui a construit l’adulte que je suis aujourd’hui. L’enfant résonne toujours en moi au niveau de la personnalité de l’homme que je suis. Même si on le transpose au sport, le joueur que je suis aujourd’hui sur le terrain s’est construit dans mon jardin quand je jouais avec mon frère. C’est là que je me suis entraîné le plus, donc c’est l’un qui a nourri l’autre. 

JS/ Merci de ne pas avoir repris l’opposition.

Loisia : Est ce que tu danse le Zouk Luv ? (c) Leo Kekemenis / FTV

Fousseni/ Pourquoi est-ce que tu manges beaucoup ?

AD/ Parce que je m’entraîne beaucoup, donc j’ai besoin de manger. Après, c’est surtout parce que j’adore manger, je pense.

F/ Attention parce que si tu manges beaucoup, tu vas vomir et tu vas exploser.

AD/ Oui. Il faut manger beaucoup mais pas trop.

F/ Après, tu ne pourras plus rentrer dans ta maison, tu ne pourras plus rentrer dans ta voiture. Quel est ton plat préféré ?

AD/ J’aime bien manger italien, j’aime bien l’escalope de veau milanaise.

F/ Qu’est-ce que tu fais avec tes amis ?

AD/ Je vais souvent manger au restaurant. Déjà, je joue au rugby avec mes amis ; tous les jours, je suis avec eux sur le terrain. J’ai beaucoup de chance de travailler avec mes copains.

F/ Mais fais attention, après, tu ne pourras plus aller aux toilettes, tu seras trop gros.

AD/ Merci, je vais faire attention.

F/ Aux toilettes, tu vas exploser. Pourquoi est-ce que tu n’as pas de femme ?

AD/ C’est la vie, malheureusement. Parce qu’en ce moment, je n’ai pas de copine. C’est comme ça.

F/ T’aimes pas les filles ?

AD/ Si, j’aime les filles. C’est juste que je n’en ai pas trouvé une pour moi, c’est tout.

JB/ Vous voulez nous faire un petit retour sur comment ça s’est passé ?

AD/ Déjà, je vous remercie tous d’avoir bossé, d’avoir préparé toutes ces questions très pertinentes. C’était peut-être mon interview la plus dure mais sûrement la plus belle aussi, parce qu’avec votre sincérité et vos mots, vous m’avez touché. Je vous remercie pour ça. J’ai passé un excellent moment avec vous.Yohann/ Vous avez été extraordinaire, monsieur Dupont. Votre volonté est aussi la nôtre.

Antoine et Loisia (c) Leo Kekemenis / FTV