Grand Corps Malade ou l’interview déconfinée

L’interview de Grand Corps Malade (dont le prénom, parfois utilisé dans l’interview, est Fabien) est la première que nous faisons via l’application Zoom. A ce moment-là, la France sort tout juste d’un long confinement et les journalistes sont encore chez eux pour la plupart. Le confinement aura été l’occasion de renouer avec d’anciens journalistes, partis vivre en Belgique. L’interview débutera donc avec Yohann que vous pouvez lire dans les numéros 35 et 36 du Papotin. Rudy et Timothée nous ont également rejoint pour l’occasion.

Début de l’interview

Yohann : Bonjour monsieur Fabien. La première question, je vais vous la lire. Est-ce que vous avez le style baroudeur ?

 

Grand Corps Malade : C’est une sacrée question. Il faudrait peut-être déjà que tu m’expliques ce que tu entends par ce mot « baroudeur ».

 

Yohann : Par exemple, faire un style contemporain.

 

Grand Corps Malade : Dans mon style musical, tu veux dire ?

 

Yohann : Oui.

Grand Corps Malade : D’accord. C’est difficile de définir un style. Est-ce que le slam est un style baroudeur ? À partir du moment où on estime que le baroudeur est celui qui se balade un petit peu partout, qui prend le temps, qui recherche, qui écoute, alors, peut-être que je me sens un peu baroudeur, parce que, pour écrire, il faut d’abord être observateur. Donc, le terme « baroudeur », je l’aime bien.

 

Yohann : Il faut être observateur aussi, c’est ça que tu me dis ?

 

Grand Corps Malade : Oui, pour écrire, il faut d’abord être très observateur. Avant de parler d’un sujet, il faut prendre le temps de l’étudier, de le regarder. C’est pour ça que le mot que tu emploies, baroudeur, je l’aime bien. Le baroudeur, c’est aussi celui qui sort un peu des sentiers battus.

 

Yohann : Par exemple, faire une aventure.

 

Grand Corps Malade : Exactement. Le baroudeur, c’est un aventurier.

 

Yohann : Ah ouais, comme la chanson d’Indochine en 1983.

 

Grand Corps Malade : Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis un aventurier juste parce que je fais du slam, mais, en tout cas, j’aime bien le mot « baroudeur ».

 

Yohann : Est-ce que vous avez les rêves devant vous ?

 

Grand Corps Malade : Bien sûr, on a toujours les rêves devant nous. S’ils étaient derrière, ce serait triste. Les rêves changent de temps en temps mais, en tout cas, ils sont toujours devant et on essaie toujours d’aller vers eux.

 

Yohann : Merci beaucoup, Grand Corps Malade. La Star Academy reprend l’année prochaine, figure-toi.

 

Grand Corps Malade : Ah, je ne savais pas.

 

Yohann : Est-ce que c’est possible de venir voir les élèves avec la Star Ac ?

 

Grand Corps Malade : S’ils m’invitent, pourquoi pas, on ne sait jamais.

 

Yohann : Au revoir.

 

Grand Corps Malade : Salut Yohann.

 

Emmanuel : Salut Fabien. Est-ce que ton pseudo veut parler des Indiens d’Amérique et des Sioux ?

 

Grand Corps Malade : Oui, c’est un peu ça. Quand j’ai commencé le slam, dans des cafés où tout le monde peut participer, j’ai découvert que beaucoup de slameurs avaient des noms très bizarres. Ils ne s’appelaient pas par leur prénom, ils avaient des pseudonymes très bizarres. Je me suis dit : « Moi aussi, j’ai envie d’avoir un pseudonyme bizarre », et j’ai choisi Grand Corps Malade. C’était un peu comme un nom d’Indien, un nom de Sioux. C’est vrai que j’aime bien l’idée de représenter un physique ou un esprit avec quelques mots comme ça.

 

Emmanuel : Est-ce que Pocahontas, c’est un vrai Disney ?

 

Grand Corps Malade : Oui, je crois. J’ai une chanson qui s’appelle Pocahontas, dans laquelle je parle de mes enfants qui grandissent. À ce moment-là, mon fils, qui avait 4 ou 5 ans, regardait beaucoup le dessin animé Pocahontas.

 

Berivan : C’est quoi ton métier ?

 

Grand Corps Malade : On va dire que j’ai deux métiers. Le premier, c’est chanteur, c’est-à-dire faire des disques et faire de la musique, et le deuxième, c’est réalisateur, c’est-à-dire faire des films. J’ai la chance d’avoir deux métiers.

 

Berivan : Tu es marié ?

 

Grand Corps Malade : Oui, j’ai une femme, on est marié.

 

Berivan : Tu as des enfants ?

 

Grand Corps Malade : J’ai deux fils qui ont 6 et 9 ans.

 

Claire : Comment allez-vous, Grand Corps Malade ?

 

Grand Corps Malade : Ça va très bien, merci.

 

Claire : Comment vous sentez-vous après le Covid, après le confinement ?

 

Grand Corps Malade : Je suis comme tout le monde. Même si c’est progressif et qu’il faut continuer à faire attention, je suis content de ne plus être confiné, de pouvoir sortir un peu plus souvent de la maison, de pouvoir reprendre un peu le travail, parce qu’en ce moment, je suis en train d’enregistrer un disque. Du coup, la semaine dernière, on a enfin pu retourner en studio pour enregistrer.

 

Claire : Dites-moi, que vous est-il arrivé quand vous avez voulu sauter d’un plongeoir dans une piscine où il n’y avait pas d’eau ?

 

Grand Corps Malade : Si, il y avait de l’eau, mais j’ai plongé à un endroit où la piscine n’était pas assez profonde. Du coup, je me suis cassé des vertèbres cervicales, et c’est pour ça que je me suis retrouve paralysé. Au départ, j’étais paralysé des jambes et des bras – c’est ce qu’on appelle être tétraplégique. Le diagnostic n’était pas très favorable, on m’a dit que, certainement, je ne pourrais jamais remarcher. Heureusement, j’ai été bien opéré et je me suis bien battu en rééducation, et au bout d’un an, j’ai pu me remettre debout.

 

Claire : Est-ce que vous allez mieux après vous être soigné ?

 

Grand Corps Malade : Oui, je vais très bien. Vous savez, quand il nous arrive un accident si grave, le combat, c’est celui de l’autonomie. Aujourd’hui, je marche avec une béquille, j’ai des séquelles mais, au moins, je suis autonome, je n’ai besoin de personne pour faire tous les gestes de la vie quotidienne. Donc ce combat-là, celui de l’autonomie, il est gagné ; c’était une belle bataille.

 

Claire : Vous savez que vous avez toujours votre personnalité et votre corps.

 

Grand Corps Malade : Oui, la personnalité n’a pas changé.

 

Claire : Est-ce que ça vous permet de vous sentir mieux, quand vous écrivez ?

 

Grand Corps Malade : Oui, certainement. Je n’écris pas juste pour me sentir mieux, j’écris parce que, pour moi, l’écriture est un jeu, et j’aime la musique et j’aime écrire. Mais c’est vrai que créer, ça fait du bien à l’esprit, ça fait du bien à la tête, donc le fait d’écrire m’a fait aller encore mieux. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir un métier passionnant, je suis un privilégié de vivre de ma musique et de vivre du slam.

 

Julien Bancilhon : J’aimerais donner la parole à Rudy, qui habite en Belgique et qui envoie beaucoup de textes au Papotin.

 

Rudy : Bonjour Grand Corps Malade. La plupart de tes textes ont influencé mes textes à moi. Est-ce que ton premier métier, c’est l’écriture ?

 

Grand Corps Malade : Non, j’ai d’abord travaillé dans quelque chose de complètement différent, j’ai travaillé au Stade de France, dans l’organisation des évènements au Stade de France. Et puis, en parallèle, j’ai commencé à écrire, à faire du slam, et ça a pris de plus en plus d’importance. Au final, j’ai décidé d’arrêter mon premier métier qui était au Stade de France pour vraiment me lancer dans cette carrière musicale, d’auteur.

 

Rudy : J’ai lu ton livre, qui était intéressant, où tu as écris que tu écris les mots qui me viennent dans la tête. Est-ce que tu lis beaucoup ?

 

Grand Corps Malade : Pas énormément. Comme mon métier, c’est d’être auteur, il y a des gens qui pensent que je passe mon temps à lire des livres. Évidemment, je lis des livres, j’aime lire, mais je ne suis pas non plus le plus grand lecteur du monde, je ne suis pas tout le temps dans les bouquins. Quand j’ai du temps, à la limite, je préfère écrire que lire. Mais, heureusement – et c’est tellement important de lire –, j’ai lu pas mal de livres dans ma vie.

 

Rudy : J’aime bien la chanson J’ai mis des mots.

 

Grand Corps Malade : « J’ai mis des mots sur un cahier

J’ai mis des mots que j’ai criés

J’espérais bien me faire griller

J’ai mis des mots que j’ai criés

J’ai mis des mots dans vos oreilles

Ou des émotions c’est pareil

Dans vos théâtres et vos enceintes

J’ai mis des mots comme une empreinte

 »

C’est un texte un peu technique, très rapide, sur l’écriture.

 

Rudy : Qu’est-ce qui t’inspire quand tu écris ?

 

Grand Corps Malade : Tout m’inspire, quelque chose que je vois dans la rue, une phrase que j’ai entendue, une émotion qui est en moi. Rudy, je pense que, pour toi, ça doit être un peu pareil. Si tu aimes écrire, tout dans la vie peut être une source d’inspiration.

 

Julien Bancilhon : Je vais lire un texte de Rudy qui s’appelle « J’écris » et qui a été publié dans le numéro 36.

« J’écris avec la plume de mon ami Pierrot

J’écris à mon père aux aguets

J’écris pour mon vécu dur

J’écris pour mon pays qui a bien souffert

J’écris pour les gens que j’aime

J’écris, c’est oublier le système

J’écris pour les gens qui ont changé le monde

J’écris pour les enfants qui restent enfants »

 

Grand Corps Malade : C’est très, très beau, Rudy.

 

Rudy : Merci.

 

Grand Corps Malade : Vraiment, c’est super beau. Bravo à toi, très beau texte.

 

Julien Bancilhon : Merci beaucoup, Rudy. Je voudrais proposer à Maxime d’Alternote de prendre la parole. Grand Corps Malade se souvenait bien de toi.

 

Grand Corps Malade : Bien sûr. On se connaît très bien, j’ai eu la chance de croiser Maxime plusieurs fois. La première fois, c’était pour un concert au Cabaret Sauvage avec le Futur Composé, et déjà, il m’avait vraiment impressionné par son aisance sur scène ; c’était une vraie bête de scène, c’était vraiment très impressionnant. Après, on s’est croisé au moins trois ou quatre autres fois. Donc ça me fait très plaisir de te voir, Maxime. Tu vas bien ?

 

Maxime : Oui, ça va très bien. On a fait un slam avec Grand Corps Malade. On avait fait la première partie, et ensuite Grand Corps Malade avait slamé. Ce moment-là était super. Après, on a invité Slam ô Féminin à slamer un peu. Et puis on a invité l’ami Karim. Il y avait Dao qui était en train de partir et de dire au revoir. J’ai vu deux fois Dao, c’était vraiment super.

 

Grand Corps Malade : Est-ce que tu continues de chanter, de slamer, Maxime ?

 

Maxime : Je slame pour nous, pour tous les éducateurs. J’ai voulu faire un duo avec Grand Corps Malade. Normalement, il parle beaucoup du virus. Je vais faire un poème sur le petit rappeur. Si vous voulez que je cause, c’est maintenant que ça commence :

« Je rêve à tout, comme les gens. Les gens rêvent beaucoup de rencontres

Il reste beaucoup trop de virus. Ce soir, il partira. Mais les autres ne veulent pas. C’est vraiment affreux.

Les grands corps malades se mirent à slamer, à beaucoup écrire. Les poèmes disent la vérité. Ils sont tous perdus. Mais ils ont disparu. Je ne veux pas les retrouver. Mais les autres me conviennent.

Si jamais ils nous demandent un jour de faire à nouveau, dans ce monde, une nouvelle guerre mondiale, je vais faire un duo, je vais slamer. Et je vais faire les enregistrements de Grand Corps Malade. Et, si vous voulez, je peux vous donner du bien. Restez chez vous, à la maison. Chez vos frères et sœurs. Et je vous dit merci »

 

Julien Bancilhon : Ouah, superbe ! Merci beaucoup, Maxime.

 

Grand Corps Malade : Merci beaucoup, Maxime.

 

Maxime : J’ai slamé directement.

 

Grand Corps Malade : Moi, je ne suis pas fort du tout en improvisation. Toi, tu es très fort. Bravo Maxime.

 

Antoine : Le Papotin me manque beaucoup. Sur Zoom, c’est un peu compliqué parce qu’on est tous chez soi. J’aimerais beaucoup reprendre le Papotin très bientôt.

 

Julien Bancilhon : Tu sais, je pense que tu n’es pas le seul. Il y en a plein pour qui ce n’est pas facile, le Papotin comme ça. C’est quand même mieux quand on se voit.

 

Antoine : Depuis chez soi, c’est un petit peu compliqué.

 

Annie : Grand Corps Malade, j’ai écouté ta chanson Dimanche soir. Est-ce que ta femme va bien, Grand Corps Malade ? Est-ce que ta femme va bien ? Quand ton album va-t-il sortir ?

 

Grand Corps Malade : Oui, ma femme va très bien. En effet, Dimanche soir, c’est une chanson pour elle ; je pense qu’elle aime bien cette chanson. La chanson Dimanche soir était sur mon dernier album qui s’appelait Plan B, sorti en 2018. Le prochain album, je suis en train de le faire, justement, maintenant qu’on peut à nouveau sortir un peu. A priori, il sortira en septembre 2020. Un petit scoop : l’album s’appellera Mesdames, et sur l’album, il n’y aura que des duos avec des femmes, avec des chanteuses, avec des actrices. Ce sera un album en hommage à ces dames.

 

Mathias : Julien, j’ai un texte pour Fabien.

 

Julien Bancilhon : Saisissons la proposition au vol et enchaînons avec Mathias.

 

Mathias : C’est un texte sur « je veux ».

« Je veux être un bandit

Je veux terroriser les gens

Je veux les menacer

Je veux braquer des banques

Je veux attaquer des trains

Je veux ligoter les gens

Je veux les abandonner sur les rails

Je veux être un héros

Je veux voir les paysages

Je veux être un aventurier

Je veux voir la montagne

Je veux visiter la région

Je veux voyager à travers le monde. »

 

Grand Corps Malade : Bravo Mathias. Je le trouve très original, ton texte, parce que, pour moi, il y a clairement deux parties : une première qui est très agressive, où tu veux braquer des banques, ligoter des gens, terroriser tout le monde, et une deuxième où tu dis que tu veux voyager, regarder les paysages. D’un seul coup, il y a quelque chose de beaucoup plus tendre et plus joli. Donc c’est très original.

 

Mathias : J’ai mélangé.

 

Grand Corps Malade : Exactement, c’est ça. Bravo Mathias.

 

Sébastien C. : J’ai envie de te parler d’Alfred de Musset. Je viens de lui écrire sa lettre.

 

Grand Corps Malade : Tu as écrit à Alfred de Musset ?

 

Sébastien C. : Alfred de Musset qui est décédé il y a très longtemps. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris.

 

Grand Corps Malade : C’est un auteur que tu aimes bien ?

 

Sébastien C. : Oui. C’est un poète comme toi. Ils ont mis une rue à son nom, à Antony, pas loin de mon foyer, pour qu’on se souvienne de lui.

 

Sébastien C. : Nous avons fait le Papotin à Lille, en novembre 2018, il y a deux ans.

 

Julien Bancilhon : Oui, c’est vrai, nous sommes allés à Lille faire un Papotin.

 

Sébastien C. : J’ai dessiné un taureau avec des mamelles, et on a bien rigolé.

 

Julien Bancilhon : C’est vrai que tu illustres le Papotin, Sébastien.

 

Sébastien C. : Je l’ai raconté dans une lettre à France Gall, la chanteuse qui est décédée il y a deux ans.

 

Julien Bancilhon : Tu as écrit une lettre à France Gall ?

 

Sébastien C. : Oui. J’ai vu sa tombe au cimetière de Montmartre, en juillet 2019, l’année dernière.

 

Rémi : En fait, Sébastien écrit des lettres aux gens qui sont morts.

 

Julien Bancilhon : Oui, c’est ce qu’on comprend. On pourrait faire une rubrique dans le Papotin pour écrire pour écrire aux personnes du cimetière de Montmartre, de Montparnasse ou du Père Lachaise.

 

Grand Corps Malade : Des personnes qui vous ont inspirés.

 

Julien Bancilhon : Merci Sébastien, on va maintenant laisser la parole à Thomas.

 

Thomas : J’ai aussi quelques questions à poser. Fabien, est-ce que tu utilises un dictionnaire pour des rimes et un dictionnaire des synonymes pour trouver des mots et écrire tes poèmes ?

 

Grand Corps Malade : Oui, ça peut arriver. Je n’utilise pas beaucoup de dictionnaires, j’aime bien que les mots soient ceux que j’ai imaginés, que j’ai trouvés, mais ça peut servir. Et entre le dictionnaire des rimes et le dictionnaire des synonymes, celui que je préfère, c’est le dictionnaire des synonymes. Les rimes, si tu cherches, tu vas toujours en trouver, alors que les synonymes, ça permet vraiment d’enrichir ton texte, d’enrichir ton vocabulaire. Si tu n’avais pas un dictionnaire des synonymes, peut-être que tu utiliserais un peu trop les mêmes mots. Si je ne devais en choisir qu’un, ce serait le dictionnaire des synonymes.

 

Thomas : Est-ce que tu utilises une feuille et un stylo pour écrire des poèmes, ou est-ce que tu utilises un ordinateur ou ton téléphone portable ?

 

Grand Corps Malade : Depuis quelque temps, c’est plutôt le téléphone portable. Ce qui est pratique avec le téléphone portable, c’est que tu peux écrire un peu partout. J’ouvre mes petites notes et j’écris à la terrasse d’un café, dans un train. Et parfois, j’écris aussi dans ma voiture, donc quand je suis en train de conduire, je me gare parce que j’ai des idées et que j’ai envie de les noter. C’est vrai que j’ai beaucoup écrit sur papier, mais depuis quelques années, j’écris plus sur mon téléphone.

 

Thomas : Combien de temps te prend l’écriture ?

 

Grand Corps Malade : J’aime bien écrire un texte en deux fois. C’est-à-dire que, par exemple, aujourd’hui, je vais écrire pendant deux heures, et demain, je vais m’y remettre deux heures. Comme ça, le texte aura un peu mûri dans ma tête, et le lendemain, en deux ou trois heures, en principe, le texte devrait être à peu près bouclé. En tout cas, l’écriture d’un texte ne doit pas durer dix jours, sinon ce n’est pas bon signe. Quand je commence un texte, j’aime bien qu’il soit assez vite terminé.

 

Thomas : En ce qui concerne les dictionnaires, Larousse ou Robert ?

 

Grand Corps Malade : Je ne sais pas si le mien est un Larousse ou un Robert.

 

Thomas : De façon générale, préfères-tu le Larousse ou le Robert, ou est-ce que tu aimes les deux ?

 

Grand Corps Malade : Je n’ai pas de préférence, en tout cas. Je consulte aussi le dictionnaire des synonymes sur Internet. Quand je suis tout seul avec mon téléphone à la terrasse d’un café, je peux chercher aussi des synonymes sur Internet.

 

Thomas : Dans un grand café littéraire ?

 

Grand Corps Malade : Je peux me mettre dans un pauvre petit bar PMU. Ce n’est pas obligé que ce soit un grand café littéraire pour écrire un texte.

 

Jérôme : À la radio, j’ai écouté plusieurs chansons de Grand Corps Malade et j’ai bien aimé. Moi aussi, je fais des slams, donc on est voisins. J’ai bien aimé la chanson avec Angèle.

 

Grand Corps Malade : J’aime bien l’idée qu’on est voisins, puisque Jérôme fait aussi du slam. Merci beaucoup, je suis content que les textes t’aient plu. Jérôme, est-ce que ça fait longtemps que tu fais des slams ?

 

Jérôme : J’écris beaucoup de choses. En fait, je suis très jeune, je suis un beau jeune homme.

 

Grand Corps Malade : Bonne continuation, et je te souhaite une longue vie de slameur, si tu es tout jeune.

 

Julien Bancilhon : Fabien, dans le Papotin, tu pourras découvrir des textes de Jérôme. Et on t’enverra une improvisation de Jérôme ; il en fait beaucoup en ce moment parce qu’il fait de la radio au téléphone.

 

Grand Corps Malade : Merci à vous. Une interview à quarante devant un écran d’ordinateur, c’est des conditions particulières. J’ai pris beaucoup de plaisir à vous répondre ce matin. J’ai envie de vous dire à bientôt, que ce soit à des concerts, que ce soit à des rencontres, que ce soit avec Percujam. Je pense qu’on avait déjà pas mal de connexions, comme l’a dit Julien au début. Je pense que, de toute façon, on va rester un petit peu en lien, et ça me fera toujours très plaisir de vous voir. Merci à tous pour aujourd’hui.

 

Julien Bancilhon : Merci Grand Corps Malade.